Management : pourquoi et comment passer en mode « entreprise à mission » ?

« Propager la force du collectif et le pouvoir de la créativité dans l’entreprise pour répondre gaiement aux enjeux des Hommes et de la planète », telle est dorénavant très officiellement la mission de l’entreprise Machin Bidule, créée en Sarthe il y a 14 ans.

Depuis la Loi Pacte de 2019, près de 1000 entreprises à travers la France ont déjà franchi ce cap, qui permet d’inscrire un but, autre que financier, dans ses statuts.
Si le monde associatif, et celui de l’économie sociale et solidaire font déjà un énorme travail d’utilité publique, Olivia Guilbaud et Ludovic Alvarez, les co-dirigeants de Machin Bidule, estiment que « les entreprises privées ont aussi un rôle, tout aussi fort, à jouer ». Et d’ajouter « Nous croyons que l’entreprise est l’endroit idéal pour impacter et inspirer, aussi bien ses salariés, que ses clients, et leurs équipes ».

Impacter positivement, c’est justement l’objet du statut d’entreprise à mission. Outre la dimension légale, l’entreprise à mission pose avant tout une « raison d’être » de l’entreprise, qui détermine justement son utilité, et fixe un cap de travail. Un Comité de mission est créé pour piloter la démarche, ouvert à des personnes extérieures à l’entreprise, qui présente en toute transparence ses avancées en la matière. Chaque année via son « Rapport de Mission », l’agence s’engage à être contrôlée dans son projet de mission par un organisme indépendant pour, à son niveau, faire partie de la solution, et non plus du problème.

Les dirigeants témoignent : « Un jour, nous nous sommes posés une question toute simple : A quoi sert notre entreprise ? En quoi est-elle utile aux hommes, et à la planète ? ». A l’époque (2018), l’entreprise œuvrait notamment beaucoup dans les sports mécaniques à l’international. En réponse à cette prise de conscience, le 1er acte de l’agence a été assez radical : arrêter de travailler pour des activités jugées « toxiques ». Olivia Guilbaud précise : « Ce n’est pas tant par les efforts que nous faisions au quotidien au bureau (recyclage, démarche zéro déchets, etc…) que nous pouvions réellement avoir du poids. C’est vraiment sur le fond, à savoir comment et pour qui nous travaillions, qui s’avère avoir vraiment de l’impact et du sens aujourd’hui ». Ludovic ajoute : « Notre métier est d’aider nos clients à se développer, à vendre davantage : il est devenu crucial pour nous de savoir nous questionner sur les sujets que nous avons envie d’aider à vendre, pour nous concentrer sur ceux qui ont un impact positif d’un point de vue environnemental et social ».

Pour mener ce travail de fond stratégique, l’entreprise s’est attelée à réfléchir au rôle qu’elle pouvait jouer de façon collaborative, en impliquant ses équipes, ses clients et partenaires. Des ateliers ont été menés régulièrement sur une période de 6 mois avec un cabinet spécialisé dans l’Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération : ImmaTerra.
« Grace à nos clients et nos collaborateurs, nous avons pu identifier nos 2 atouts pour répondre aux enjeux forts pour les hommes et la planète : La créativité et l’intelligence collective. La créativité est en effet indispensable pour nourrir les possibles des entreprises vont faire face à des défis nouveaux et urgents. Chez Machin Bidule, nous savons créer, inventer, surprendre, sortir du cadre établi. L’intelligence collective correspond aux attentes des collaborateurs. Les défis sont tels que les organisations vont devoir collaborer, écouter leurs clients autrement. Grâce à nos méthodes et procédés d’animation de collectifs, nous savons déjà accompagner cette émulation. La communication, le design, la stratégie et l’innovation, sont des sujets suffisamment centraux dans les organisations, pour s’en servir de supports pour transformer les organisations en profondeur, en engageant davantage les équipes. » explique Olivia.

La volonté de Machin Bidule est donc simple : mettre à disposition les savoir-faire et les outils de la communication et du design – les plus responsables possible – à celles et ceux qui ont ou veulent augmenter leur impact positif.
Concrètement, pour chaque nouvelle demande de prospect entrant, l’agence valide d’abord la pertinence de répondre ou pas, et mesure si la réponse apportée peut avoir un impact positif.
Cette démarche n’est pas sans conséquence économique : « Dire non à des prospects nous fait bien entendu perdre des opportunités de chiffre d’affaires. Là où certains y voient des pertes (économiques), nous y voyons des gains, humains, sociaux, et environnementaux. » précise Ludovic Alvarez.
A titre d’exemple, en faisant le choix de quitter le marché des sports mécaniques en 2019, l’entreprise s’est libéré de près d’un tiers de son chiffre d’affaires, et a ainsi pu faire de la place aux associations engagées, acteurs de l’ESS, PME régionales et engagées. Aujourd’hui, c’est un quart de l’activité de Machin Bidule qui se situe au cœur de sa mission, en croissance d’année en année.
« Nous ne pilotons plus l’entreprise à l’aune d’un résultat économique. Nous avançons selon des objectifs d’impacts (au pluriel) : Nous cherchons un équilibre entre des objectifs ambitieux d’un point de vue environnemental et social, et un pragmatisme économique visant à un équilibre financier. »

A ce titre, l’entreprise a bouclé son exercice 2022 de 600 k€ en « décroissance » pilotée et anticipée : « Ce mot fait peur, alors qu’il est la résultante de notre stratégie d’impact : faire moins, mais mieux. Aussi, oui, si notre CA est en repli, notre marge, elle, s’est améliorée, de même que nos impacts environnementaux, sociaux, et la fierté collective du travail réalisé… Et c’est peut-être là l’essentiel ! » s’amuse Olivia Guilbaud.

Autres actualités
L’agence mancelle travaille sur l’organisation de la 1ère édition des 24 Heures de l’Impact prévue au Mans en Septembre 2023 : 24 heures de programmation d’ateliers, initiations et conférences autour des thématiques RSE/Environnement/Innovation vertueuse/Monde durable. L’agence est également animatrice professionnelle des ateliers 2 tonnes (sensibilisation par le jeu aux enjeux environnementaux), et des Voyages en 2030 Glorieuses (jeu de prospective durable et désirable). Elle poursuit également le déploiement de son parcours d’innovation « durable & désirable » lancé en 2022 destiné aux entreprises qui souhaitent entamer une démarche d’innovation/RSE. Enfin, Machin Bidule a également rejoint le Mouvement Impact France en 2022, et est à priori une des seules entreprises sarthoises à participer à la Convention des Entreprises pour le Climat en 2023.

>> Contact : machin-bidule.fr