Usin’up Academy, la deuxième école de production implantée sur Le Mans Métropole, ouvrira ses portes en octobre

Le principe de toutes ces écoles : projeter des jeunes au profil peu scolaire vers un métier technique, les guider pas à pas grâce à la pédagogie du « Faire pour Apprendre », favoriser leur apprentissage par la pratique en atelier (24h / semaine), viser l’excellence et répondre à de vraies commandes clients.  

Ce réseau accélère son développement depuis 10 ans. 13 écoles ouvriront à la rentrée prochaine, dont Usin’Up Academy (usinage) au Mans, après l’ouverture en 2022 du Garage-école, mais aussi sur le reste de la France avec des écoles dédiées aux espaces verts, au maraichage, à la joaillerie, ou encore au travail du bois.

Jean-Baptiste Luquiau, directeur de l’école raconte : « Le projet Usin’Up Academy date de 2020. Il émerge suite aux constats faits par la dizaine d’usineurs du collectif Usin’up : les tensions de recrutement persistent & les métiers de la mécanique de précisions sont trop peu connus. Les actions de promotions des métiers ne sont plus suffisantes pour susciter des vocations. Il faut alors trouver d’autres leviers pour alimenter nos viviers de compétences. L’UIMM et la Région Pays de la Loire ont alors été les deux premiers organes à avoir soutenu le collectif – de là est né Usin’up Academy».

La Fédération Nationale des Ecoles de Production a également pleinement contribué au processus après création, c’est elle qui a pouvoir de délivrer le label permettant à l’école d’être reconnue par l’état. « La fédération peut aussi retirer ce label. Une école hors contrat comme la nôtre doit répondre à des exigences de l’académie, notamment sur les postes de direction et d’enseignants, les bâtiments, le contenu pédagogique, avec des critères assez stricts car celle-ci a vocation à durer très longtemps » explique Jean-Baptiste Luquiau, directeur depuis mars 2023. « J’avais déjà entendu parler du projet il y a un an lorsque j’étais encore salarié et le projet m’intéressait mais le poste était à pourvoir tout de suite. L’ouverture ayant été décalée d’un an, j’ai finalement pu rejoindre l’aventure ».

Première mission du directeur à son arrivée : le recrutement des jeunes pour la rentrée. « Nous avons contacté les professionnels et acteurs de l’éducation nationale qui entourent et orientent les jeunes en fin de 3^e. Nous avons ensuite organisé des visites chez nos partenaires industriels par petits groupes de jeunes pour les amener à discuter directement avec des usineurs dont c’est le métier au quotidien, afin de les éclairer sur leur projet ».

Un effectif de 12 élèves a été atteint pour la rentrée. L’école lancera donc une promotion de préparation de CAP « conducteur d’installation de production » sur 2 ans. « Il s’agit d’un CAP assez généraliste auquel nous apporterons une couleur usinage. Notre objectif est de les faire poursuivre ensuite sur une 3ème année de transition pour qu’ils puissent intégrer une terminale bac pro en apprentissage à la Fab Academy avec la perspective d’une 4ème année rémunérée en tant qu’apprentis ».

L’ambition est bien d’amener ces jeunes à devenir des adultes éclairés capables de comprendre l’actualité et leur environnement de travail ; aller jusqu’au bac pro les aidera à mieux évoluer dans leur contexte professionnel, à même de subir différentes transitions.

Pour qu’Usin’Up Academy puisse faire apprendre ses élèves sur du matériel professionnel, cela oblige à s’équiper avec les machines actuellement encore utilisées dans les ateliers ; il s’agit de tours et fraiseuses traditionnelles (avec réglage manuel) mais aussi de machines dotées des dernières technologies. « Pour les machines à commandes numériques, plus onéreuses (autour de 100 000€ par machine) nous avons cherché des financements privés. Dans notre cas, nous pouvons compter sur la Fondation Total Energies, sur France Relance (BPI) et sur d’autres fondations d’entreprises (Gene Haas Foundation, aux Etats-Unis), et sur le Crédit Mutuel. Pour le fonctionnement, l’Etat finance environ un tiers, la Région un autre tiers et le dernier tiers doit être assuré par la production vendue et la taxe d’apprentissage. Une façon très concrète de nous aider est par exemple de nous confier des commandes ou de nous verser la taxe d’apprentissage ». Ce modèle qui oblige à aller chercher des commandes est à la base du principe pédagogique des écoles de production ; « C’est ce côté réel qui donne du sens aux études des élèves ; ça les responsabilise et ça les valorise ».

L’enseignement, qui est gratuit, se décompose en 2 tiers passés en ateliers et un tiers d’enseignement général (français, maths, histoire-géo, sciences) appliqué au métier d’usineur. « Les cours de français s’adapteront à des cas de figure concrets comme une livraison client, ou un suivi de commande. Pour les cours de maths, les exercices s’appuieront sur des exemples de réglages de machines à l’atelier ou de dimensions de produits à réaliser » indique le directeur.

Depuis mi-juin l’école est située zone du Danemark, quartier des Sablons, dans une ancienne imprimerie avec une surface de 900 m² près du terminus du tramway où elle accueillera ses élèves à la rentrée.

L’ouverture officielle de l’école est prévue mi-octobre. Elle est présidée par Patrick Lambert (ancien salarié de GKN) lequel s’appuie sur Florian Sallard (Vice-président et dirigeant d’Usinage Formations) et sur Armelle Chopin (Secrétaire et Responsable Emploi Formation à l’UIMM Sarthe).

L’équipe de démarrage sera composée de 3 personnes dont le directeur actuel et un maitre professionnel (un usineur de 30 ans d’expérience qui a toujours aimé transmettre son savoir aux jeunes). « A terme nous aurons un maitre professionnel par promotion. Nous sommes d’ailleurs en cours de recrutement pour le prochain maitre pro sans attendre la 2ème année. Pour l’enseignement général nous venons de recruter une personne à mi-temps pour cette 1ère année » précise Jean-Baptiste Luquiau.

L’école accueillera ses élèves sur une base de 35h/semaine pour 40 semaines travaillées par an (supérieur au rythme du lycée général). Le budget de fonctionnement est estimé entre 300 000 à 400 000 € par an, hors valorisation du bénévolat qui monte à près de 50 000€. Le budget investissement prévoit un montant de 1,4 million sur 3 ans (dont 600 000€ déjà investis).

 >> Contact : www.usinup-academy.fr